ÉDITÉ PAR LA COMMISSION D'ISRAËL
Article publié sur THE TIMES OF ISRAËL
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ISRAËL DANS LA
PROPHETIE ET SES ACCOMPLISSEMENTS
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Préambule
Lors de notre voyage en Pologne, nous avons visité Auschwitz, le plus mortel, de tous
les camps de concentration allemands, avec un nombre maximum de
détenus, camps annexes inclus de 155.000. Estimation du nombre de
morts : entre 2,1 et 2,5 millions, dont près
de
2 millions de
Juifs massacrés ou gazés,
ainsi que des polonais, tziganes et des
prisonniers de guerre soviétiques. Près de 330.000 détenus moururent
de faim, de mauvais traitements, etc.
D’être sur les lieux où s’est déroulé
le chapitre le plus effroyable du vingtième siècle, la persécution
haineuse et la tentative d'extermination du peuple juif par le
régime nazi d'Adolf Hitler, a été pour nous un moment intense de prière et
de recueillement. Cette page exceptionnellement cruelle
et déterminée à effacer les Juifs de la surface de la terre, sa
barbarie a redéfini le mot « holocauste » et a marqué la
civilisation occidentale d'une tache qui ne peut être effacée, ni
oubliée.
Certaines personnes enseignent qu'il n'existe pas de Satan personnel
- qu'il n'y a qu'un principe de mal, appelé l'«
Adversaire
» (Job 1 : 6) ou « Satan
». Les écritures enseignent cependant, qu'il y a, non seulement un «
mauvais principe
», mais un Mal Principal, même un Prince du Mal, appelé Satan ! Et
c'est lui qui a suscité, qui continue à susciter maintenant et, nous
le craignons, qui continuera à susciter une telle opposition au
Sionisme que, (sans intervention divine), elle détruirait la nation
d'Israël et contrecarrerait par là-même les desseins de Dieu sur la
Terre.
Satan sait très bien que le
Rétablissement d'Israël marquera, selon les desseins éternels de
Dieu, la fin de sa propre domination mauvaise sur l'homme. De là
proviennent l'intelligence sous-jacente, l'amertume, la continuité,
l'universalité et la coordination, dans notre jour prophétique, de
la haine envers les Juifs et le Sionisme en particulier, et
d'épisodes tels que l'Holocauste [le terme Shoah (catastrophe) est
plus approprié] en Europe —
qui fut un essai de génocide
systématique provoqué par Satan.
Hitler avait déjà déclenché contre
les Juifs sa « Solution Finale », son vaste programme inhumainement
cruel de stérilisation génétique. Avant sa défaite, l'Allemagne
avait pris six millions de vies juives, un tiers de toute la
population juive du monde. Si l'Allemagne avait obtenu la victoire,
Hitler aurait achevé ses desseins féroces (en réalité ceux de
Satan), en entraînant le monde dans le sillage de ses armées pour
détruire cette «
semence d'Abraham
», et pour refuser le Pays d'Israël
à ses seuls vrais héritiers.
Cependant, tel est le soin de Dieu
sur les Juifs, que quoi qu'il arrive, Il les préservera de
l'anéantissement et les élèvera pour accomplir Ses desseins en eux,
à Son temps convenable (Jér. 46 : 27, 28). Les morts se relèveront pour se joindre aux vivants (Ezéch. 37 :
12-14 ; Osée 13 : 14) ; et dans la réalisation des desseins éternels
de Dieu, non seulement Israël, mais la terre elle-même et tous ses
peuples émergeront de dessous le voile du mal (Es. 25 : 7, 8) car
toute la création se réjouira ensemble dans les rayons du soleil de
l'amour de Dieu (Ps. 148 ; Ps. 150).
Nous désirons à cette occasion
publier l’expérience vécue, d’un de nos amis chrétien polonais,
responsable de notre mouvement, déporté dans ce camp de la mort, il
aida bon nombres de Juifs au sein même du camp d’Auschwitz,
son témoignage contribuera à lutter
contre l’oubli.
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TEMOIGNAGE
« Plusieurs fois je fus
arraché des mains de la mort »
Wiktor Stachowiak
né le dimanche 5 septembre 1897 à Lutom dans le
district de Poznan, il mourut à 93 ans le 21 mai 1990. En janvier 1941,
je fus convoqué au bureau de la Gestapo à Poznan, afin qu’ils
puissent connaître par mon moyen tout ce qui concernait le Mouvement
Missionnaire Intérieur Laïque, l’œuvre que je faisais en Pologne,
comme son représentant. Après une conversation de quatre heures avec
les officiers de la Gestapo sur ce sujet, ils m’ordonnèrent de
dissoudre ce mouvement. Ils m’interdirent toute activité telle que
celle que j’avais sous le régime polonais. On me dit de rompre
toutes relations avec les ecclésias (assemblées) et de cesser toute
correspondance avec elles. Ensuite, une proposition me fut présentée
de devenir un dénonciateur (un espion) à leur profit que j’espionne
mes frères dans la foi, et
procure des informations sur eux. Trois fois je rejetais cette
proposition vigoureusement. Parce que je la rejetais, on me dit
qu’on me traiterait en conséquence. Je fus convoqué plusieurs fois
au bureau de la Gestapo. Le 31 décembre 1941, les frères étaient
réunis pour dire adieu à la vieille année et fêter la nouvelle. A
cette réunion, nous renouvelâmes notre résolution de tenir
fidèlement pour le Seigneur et d’endurer toutes les épreuves qu’il
permettrait de nous arriver. Dans mon entretien avec les frères, je
dis : Mes bien-aimés ! Le Seigneur me donne à comprendre qu’avant
longtemps je vous quitterai soyez zélés tenez fidèlement pour notre
Dieu, notre Seigneur, la Vérité et les frères, quand les épreuves
vous arriveront. Ce fut un douloureux et triste moment quand je
prononçai ces paroles. Les frères pleuraient.
Le 16 mars 1942 fut un jour mémorable dans ma
vie ! A treize heures, j’étais au travail ; plusieurs membres de la
Gestapo vinrent et m’enlevèrent de mon travail, me conduisant je ne
savais où. En chemin, je priais le Seigneur de permettre que
j’endure l’épreuve fidèlement. Je sentais que j’étais arrêté. Je
sentais que je ne serais plus libre jusqu’à la fin de la guerre.
J’étais déjà traité comme un esclave. Je sentais que de terribles
épreuves étaient devant moi ! Je n’avais jamais su ce que c’est que
d’être prisonnier. Mon cœur est sensible à toute parole vulgaire et
moqueuse comme celles qui me blessèrent grandement. Par exemple, ils
me dirent « Priez maintenant
votre Dieu juif qu’Il vous délivre de nos mains
» « Voyez ce à quoi la Bible et
vos frères vous ont amené
». Je me
taisais. Je leur déclarais seulement que j’accomplissais mon devoir
envers mon prochain en servant les frères. Ils me menèrent au bureau
de la Gestapo et me conduisirent dans une pièce où
je vis,
suspendues aux murs, mes cartes, que la Gestapo avait prises chez
moi, durant une perquisition faite plusieurs heures avant mon
arrestation le Divin Plan des Ages, le Tabernacle, et la gravure du
songe de Nébucadnetsar Dan. 2 : 31 à 45. Derrière une table étaient
assis plusieurs membres de la Gestapo et un mécanicien (?). L’un
d’eux, montrant la carte, demanda : «
Connaissez-vous ceci !
». Je répondis Oui ! Parlez-nous en, dit-il. On me tendit les
Saintes Ecritures et, à leur demande, j’interprétai la gravure du
songe de Nébucadnetsar, prouvant mes explications par des versets
des Ecritures. Je leur demandai si c’était l’enseignement des
Saintes Ecritures ou de l’imagination humaine ? On me répondit que «
c’est l’enseignement des Saintes
Ecritures ». On me demanda quand
viendra le Royaume ? Je répondis que je ne connaissais pas la date
de sa venue ; mais je crois qu’il viendra. Ils me demandèrent
ensuite s’il y aurait encore des guerres ? Je répondis qu’il y
aurait encore de grands troubles sur la terre en liaison avec des
guerres. Par cela ils comprirent que je voulais dire qu’ils ne
gagneraient pas la guerre, car les hitlériens croyaient et
prêchaient que lorsqu’ils gagneraient la guerre il y aurait la paix
pendant mille ans et qu’il n’y aurait
plus du tout de guerre.
Ensuite, j’expliquai la Carte des Ages et du Tabernacle pendant une
heure environ. J’étais heureux de pouvoir comparaître devant les «
conciles
» et les « autorités
» et rendre témoignage à la Vérité. On me demanda aussi si je
faisais l’œuvre de représentant seul ou avec un aide ? Je répondis
que je la faisais seul. En conséquence, ils me répondirent «
Nous ne vous laisserons pas en liberté,
mais nous vous emprisonnerons ». Je
reçus cela calmement.
Je fus emmené en prison. C’était la première
fois que j’étais amené en contact avec des prisonniers et les
conditions de la prison. Ce ne fut pas un agréable, mais un triste
moment ! Je continuais à prier, mon esprit étant grandement tendu
parce que je ne savais rien de ce qui était arrivé à ma famille et
aux frères. Je devais dormir sur le plancher et cela sans
couverture ! Il faisait très froid dans la cellule, car c’était en
mars. Outre ceci, des punaises me tourmentaient, et il y avait
d’autres désagréments. Quelques prisonniers avaient les fers aux
mains et aux pieds. Combien la vue de ces choses semble terrible !
Mais notre Seigneur permit que de plus dures épreuves m’arrivent.
Après quelques jours, je tombai malade. Il ne me fut donné aucun
secours aussi mes souffrances augmentèrent. Je pensais que là serait
la fin de ma course mais je persévérais toujours dans la prière,
demandant à Dieu la victoire et que, non ma volonté, mais la Sienne
soit faite.
Dans ces épreuves je reçus du secours de notre Seigneur.
Les portes de notre cellule s’ouvrirent et on appela mon nom. Je
sortis dans le corridor. Devant moi se tenait un civil, et il me
demanda la raison de mon arrestation. Puis, le membre de la Gestapo
qui était avec lui regarda dans une autre direction, et à ce moment
il me parla en polonais : « J’ai
des salutations pour vous de votre femme et de votre fille
» et il me tendit une lettre et ajouta que je ne dise rien à
personne à ce sujet. C’était un citoyen polonais servant la police
criminelle allemande par qui ma fille m’envoyait une lettre
réconfortante. Retournant à la cellule, dans un coin, j’ouvris et
lus cette lettre. Elle me donnait des détails sur ma maison et les
frères, déclarant que les frères tenaient fidèlement pour le
Seigneur, inébranlables, et que tous allaient bien. Il me vint alors
à l’esprit la scène où notre Seigneur, dans le jardin de Gethsémané,
avait été réconforté par un ange.
Plusieurs jours après, le Seigneur me donna, à
moi, prisonnier, le privilège de parler des Saintes Ecritures. O
quel grand privilège ce fut pour un prisonnier de donner de la
consolation et de l’espérance à l’humanité opprimée. Je fis des
discours sur les sujets suivants : 1 — La Création du Monde ; 2 — La
Fin du Monde ; 3 — Qui était Jésus ; et 4 — Qu’est-ce qu’un chrétien
? Alors que je donnais ma dernière étude aux prisonniers, un membre
de la Gestapo qui était de garde dans le corridor de la prison, la
surprit. Immédiatement, il ouvrit la porte de ma cellule et,
entrant, demanda qui parlait, parce qu’il était 20 heures quand
toutes les lumières étaient déjà éteintes et que durant ce temps il
était interdit de parler, je répondis que c’était moi qui parlais. A
ma réponse, il essaya de me frapper, mais le Seigneur ne le permit
pas. Je Le remerciai beaucoup pour le privilège de prêcher
l’évangile en prison. Peu de temps après, je fus transféré dans une
autre prison de
Poznan, au Fort 7. D’abord un fort, il avait été
transformé en prison. Elle était entièrement souterraine et était
sombre et froide. Une petite lumière électrique brûlait seulement
pendant le jour. Deux fois par jour, on nous conduisait dehors et
nous devions courir alors sur une distance d’environ deux cents
mètres et cela sous les coups de fouet et le tir des balles de
fusils. C’était un réel « Enfer
de Dante » ! Les cellules étaient
pleines d’air impur dans lequel vivaient 158 prisonniers. Nous
étions aussi emmenés pour de soi-disant exercices et de la
gymnastique. Durant ces exercices on nous disait d’escalader une
colline aussi vite que nous pouvions et en même temps nous étions
battus avec des fouets, et des chiens spécialement entraînés étaient
excités à nous attraper. C’étaient de réelles tortures, mais pas un
moment je ne doutais de l’aide de notre Seigneur et jamais je ne me
décourageais quant à ma consécration et mon sacrifice. Je croyais
que le Seigneur voulait seulement éprouver ma foi et mon amour. Me
donnant à la prière, je demandai au Seigneur que je puisse supporter
l’épreuve fidèlement. Partout j’ai vu la main du Seigneur sur moi
qui me conduisait dans toutes ces épreuves et expériences. Je fus
toujours, par Lui, réconforté et fortifié. Pendant que j’étais dans
cette cellule souterraine, je fus au milieu de divers prisonniers,
Il y avait là des gens ignorants ou instruits et quelques prêtres
catholiques romains. Avec ces derniers et en présence de tous les
prisonniers j’eus une discussion sur le sujet Jésus est-Il Dieu ? La
discussion dura plusieurs heures, et le Seigneur me donna la
puissance de réfuter les erreurs catholiques sur ce point. La Vérité
et les Saintes Ecritures remportèrent la victoire ! Tous les
prisonniers admirent que c’est comme disent les Saintes Ecritures.
La discussion m’ouvrit la voie pour parler sur la Vérité, après quoi
je fus très actif en prêchant l’évangile du Royaume de Dieu.
La veille de Noël, je ne m’attendais à rien,
mais je pensais aux promesses de Dieu données par notre Seigneur
comme Roi et Libérateur de l’humanité. Les prisonniers faisaient des
préparatifs pour cette soirée. Le surveillant des cellules préparait
un programme en cette occasion. J’étais assis tranquillement lisant
les Saintes Ecritures. Je me servais des Ecritures dans ma cellule
avec beaucoup de tact, je les étudiais et, comme Parole de Dieu,
elles me réconfortaient et me fortifiaient. Le premier à parler en
cette occasion fut le prêtre d’un monastère. Il fit une très courte
causerie. Après lui, un professeur et artiste peintre spirite parla.
Mais il ne dit pas grand chose non plus aux prisonniers. La première
et la seconde causerie n’étaient pas du tout sur le sujet de la
veillée de Noël. Les prisonniers me demandèrent de leur dire quelque
chose. Ils savaient que j’avais été arrêté à cause de la religion.
Je fus heureux que le Seigneur me donnât de nouveau le privilège de
parler. La base de mon discours fut Luc 2 : 10, 11. Je parlai
pendant 25 minutes ; les cœurs des prisonniers étaient profondément
émus et ils pleurèrent beaucoup ! L’entretien émut tous les cœurs
dans les cellules de la prison, après quoi suivirent les souhaits
les uns aux autres, que tous puissent retourner en bonne santé chez
eux. Le prêtre du monastère et les prisonniers vinrent me donner un
baiser sur la joue et dirent « Frère, nous vous souhaitons l’endurance et la victoire à tous vos
moments en prison
». Je leur fis les
mêmes vœux. Après cela j’eus une discussion avec le professeur et
artiste spirite. Dans la discussion, la Vérité réfuta complètement
sa compréhension erronée en présence de tous les prisonniers.
J’étais aimé parce que je partageais avec chacun tout ce que
j’avais.
L’incident suivant m’affermit encore plus dans l’obéissance
et la fidélité envers Dieu : Le 8 janvier 1943, à 11 heures, eut
lieu l’exécution de 32 polonais, dont 5 femmes. L’exécution eut lieu
par pendaison. Neuf condamnés à la fois montaient à l’échafaud ils
étaient condamnés pour leurs convictions politiques. Après la
lecture du verdict, les membres de chaque groupe chantèrent l’hymne
national polonais et donnèrent leur vie, hommes et femmes. Au moment
de l’exécution ils déclarèrent : «
Nous mourons pour notre Pologne et
notre Patrie ». C’étaient des gens qui
ne connaissaient pas la Vérité et n’avaient aucune connaissance des
bénédictions futures. Ayant reçu la bénédiction d’une telle
abondance de grâce et de l’espérance des bénédictions futures, ma
foi devint plus forte et plus courageuse. S’il devait m’arriver de
donner ma vie d’une manière semblable, j’étais sûr de pouvoir le
faire, même avec un plus grand zèle et une plus grande fidélité
qu’eux afin de pouvoir finir ma vie comme victorieux.
Cette scène véritablement me ranima et me donna plus d’esprit de
dignité et de courage, au point que je sentis la crainte me quitter
entièrement. Je me rappelai aussi Joseph dans la prison en Egypte,
les expériences de Job et celles de notre Seigneur dans le jardin de
Gethsémané. L’histoire de Joseph contribua grandement à mon zèle, à
ma force et à ma fidélité dans le service pour le Seigneur. J’ai
toujours remercié le Seigneur pour Sa grâce et Sa bénédiction que je
reçus en prison, et que, en dépit des souffrances, Il m’ait donné le
privilège de prêcher la Parole de Dieu, ce que je fis aussi souvent
que je pus.
QUELQUES FAVEURS SPECIALES
Une
grande surprise m’arriva. Comme prisonnier de confiance, on me fit
sortir pour la première fois de la prison, c’est-à-dire en ville. Je
travaillais avec un autre prisonnier dans une villa où nous posâmes
des conducteurs électriques. Dans cette villa vivait une famille
polonaise à qui je demandai d’être assez bonne pour informer ma
femme et ma fille que je travaillais là. Je désirais grandement les
voir. Elles avaient le désir de me voir, car six mois avaient passé
depuis que nous nous étions vus. Le Seigneur dirigea la chose de
sorte que ma femme vint à cette villa et elle se déguisa comme si
elle était sa propriétaire. Oh ! Qu’il fut béni le moment où nous
nous vîmes ! Là, nous parlâmes ensemble sur les causes de mon
arrestation qu’elle ne connaissait pas à cette époque. J’appris
aussi comment se trouvaient les frères et je fus grandement heureux.
Tous deux nous nous agenouillâmes dans la prière et remerciâmes
notre bon et grand Dieu pour Sa grâce et Sa protection sur nous tous.
Le jour suivant était un dimanche. Le Seigneur arrangea les choses
pour que ma fille et les frères vinssent à la villa et j’eus le
privilège de les voir. Ce fut un moment béni et heureux ! Je suis
incapable de décrire la joie que j’ai expérimentée en les voyants.
Plusieurs semaines après, le Seigneur me
prépara une joie plus grande encore. Un des membres de la Gestapo
m’emmena chez lui pour faire dans sa maison quelque travail
personnel. C’était une personne de caractère comparativement bon.
Après que j’eus achevé mon travail, il demanda si j’aimerais visiter
ma famille ? Je répondis oui Il me conduisit chez un de nos frères
dans la Vérité. Là, après en avoir été informés d’avance, ma femme
et ma fille vinrent avec plusieurs frères. J’eus le privilège de
rester là en compagnie de ma femme, de ma fille et des frères
pendant quatre heures. En ceci, je vis la main du Seigneur sur moi.
C’était la dernière
fois que je passais un moment en compagnie des
chers amis à Poznan. Je fus emmené à ce terrible «
camp de la mort
» à Oswiecim (Auschwitz — le pire de tous les camps de
concentration). Heureusement, le Seigneur avant mon départ à cet
endroit me donna le privilège de voir ma famille et les frères dans
la maison d’un frère. La vue du camp d’Oswiecim fit sur moi une
impression navrante. Mais je n’ai jamais douté de l’infinie
puissance de Dieu. Priant continuellement, je croyais que Dieu seul
pouvait me délivrer de tout !
Ma
première expérience dans ce camp fut que je tombai malade de la
grippe et d’une terrible diarrhée accompagnée de mauvais traitements
et de coups. Il n’y avait aucun soin pour les malades, aucun malade
n’obtenait d’être hospitalisé. On pouvait s’attendre à aller plus
tôt au four crématoire. Aussi dans ces expériences je m’abandonnai
entièrement à la volonté de Dieu et mis toute ma confiance en Lui.
J’étais résigné au milieu des pires conditions que Dieu avait
permises pour moi. Cependant, même étant malade, je devais me lever
avec tous au commandement pour plusieurs heures. Un jour, ma force
m’abandonna entièrement et je perdis connaissance. Le Seigneur
m’aida par le moyen des coprisonniers qui me soutinrent dans leurs
bras afin que je ne tombe pas. Autrement, j’aurais été envoyé dans
le quartier des malades, puis au four crématoire, comme il arrivait
dans de tels cas. Mais le Seigneur me permit de supporter cette
expérience et, lentement, je recouvrai ma santé. J’étais grandement
épuisé. Après plusieurs semaines, le Seigneur me donna de nouveau le
privilège de me réjouir. J’obtins du travail et, en l’accomplissant,
je pouvais me mouvoir
autour du camp de concentration et me procurer
de la nourriture qui me fortifia. En cela aussi, la main du Seigneur
fut sur moi ! Le Seigneur savait que j’aurais davantage d’épreuves,
mais, fortifié, je serais plus capable de les supporter. Les
épreuves subséquentes furent les maladies qui me mirent en danger
ainsi que les autres, telles que la typhoïde, la malaria, la grippe,
la diarrhée, etc. Ces maladies en conduisaient des milliers à la
tombe — au four crématoire. Quatre-vingt-quinze pour cent des
prisonniers furent atteints de ces maladies. Grâce à Dieu, je me
tirai de toutes ces maladies et aidai les autres prisonniers autant
que je pus. La destruction de masses de gens avait sur moi un effet
attristant. La destruction était faite en tuant, gazant et brûlant.
Quoique voyant des gens entièrement dépourvus d’humanité et sans la
moindre miséricorde, je ne déclinai cependant pas spirituellement.
J’acceptai ces expériences en me soumettant à la volonté de Dieu.
J’étais préparé à tout. Plusieurs fois je fus arraché des mains de
la mort. Par exemple, une fois, à minuit, au commandement du
directeur du camp, tous les prisonniers durent se lever et se rendre
à un lieu désigné. Là, ils durent se déshabiller entièrement et se
tenir devant les membres de la Gestapo. Deux bandits d’entre eux
choisirent les gens qui devaient être gazés. Et de cela, le Seigneur
me délivra, bien qu’il y eut 1 400 personnes choisies et brûlées
dans le four crématoire. Ce fut un grand danger pour moi. Cette
nuit, cette terrible nuit je ne l’oublierai jamais, je n’oublierai
jamais comment ces gens qui n’avaient aucune foi se désespéraient,
et ceux qui l’avaient se soumettaient à la plus terrible expérience.
Je fus délivré par Dieu de ce danger.
AUTRES METHODES DE TORTURES DE LA GESTAPO
Le Seigneur permit encore que d’autres
expériences m’arrivent. La méthode précédente n’était pas la seule
que la Gestapo employait pour détruire les prisonniers. Ils
connaissaient d’autres moyens de destruction.
A 15 ou 16° au-dessous
de zéro, ils nous conduisaient dans le froid et nous commandaient de
nous déshabiller entièrement, puis nous emmenaient à trois cents
mètres dans un établissement de bains. Là nous recevions un bain
chaud. Après ce bain, nous étions ramenés précipitamment sous de
forts coups de fouets à nos quartiers. Dans ces quartiers, après
quelques heures, on pouvait constater des pneumonies et d’autres
maladies, suivies dans beaucoup de cas par la mort. Et de toutes ces
expériences, le Seigneur me fit sortir sain et sauf. En vérité, le
Seigneur éprouve tous ceux qui L’aiment de tout leur cœur et de
toute leur âme ; mais Il les délivre de toutes ces épreuves. Après
ces expériences, j’eus beaucoup de joie, car le Seigneur me donna le
privilège de prêcher l’Evangile dans cet horrible «
camp de la mort
». Dans ce camp, j’eus le privilège de gagner un frère, Boleslaw
Sobala, un frère bien aimé dont je fis la connaissance avec la
Vérité. Aujourd’hui, entièrement consacré, il se réjouit dans la
liberté, vivant à Gdansk et je suis en correspondance avec lui.
J’eus aussi diverses discussions avec
plusieurs personnes instruites telles que des instituteurs, des
professeurs et des membres du clergé. A cause de cela je devins
connu dans le camp de telle manière qu’ils m’appelèrent «
évêque ».
En dépit de dures épreuves, le zèle pour la Vérité ne m’abandonna
pas. Comme pour Jérémie « Sa
Parole était dans mon cœur comme un feu brûlant, renfermé dans mes
os je fus las de la retenir, et je ne l’ai pu
» 20 : 7 à 9, ainsi il en était pour moi. Et comme l’Apôtre le dit
en 1 Jean 4 : 18 : « Il n’y a
pas de crainte dans l’amour, car l’amour parfait bannit la crainte ».
J’avais acquis la conviction que quiconque se confie en Dieu
entièrement et s’appuie sur Lui de tout son cœur, se sent toujours
en sûreté, même si les temps peuvent être très dangereux. Quand
c’est le moment de prêcher la Vérité, le Seigneur donne toujours
l’occasion favorable de le faire.
J’APPORTAI AUSSI BEAUCOUP DE CONSOLATION AUX JUIFS
J’apportai aussi beaucoup de consolation aux
Juifs. Je les réconfortais en leur disant que dans un avenir
prochain le Royaume serait établi en Palestine ; que même s’ils
allaient à la destruction dans le four crématoire, ils sortiraient
de leurs tombeaux et que le Messie les ressusciterait. Dans la
crainte de la mort, les Juifs se réunissaient continuellement en
groupes et faisaient des prières. Le
désespoir était terrible parmi
ces Juifs. J’ai souvent pensé à la prophétie de Jérémie 16 : 16 à 18
qui s’accomplissait devant mes yeux. Au milieu des plus
dures
expériences dans lesquelles je me trouvais, ma foi ne cessa pas,
mais devint encore plus forte. Beaucoup des magnifiques exemples
donnés par frère Russell furent un
secours qui m’aida à
supporter mes expériences, par exemple que
chaque « vase
» doit passer par un feu intense avant de devenir tel. Une bonne
chose pour moi fut la connaissance de Daniel chapitre 3 et «
des trois jeunes hébreux dans la
fournaise ardente », hors de laquelle
ils sortent victorieux !
A
cause de l’approche du front russe, le 1er novembre 1944
je fus évacué dans un autre fameux camp de concentration, à
Oranienburg, en Allemagne. Là, à la station de chemin de fer, nous
fûmes accueillis à grands coups de fouets, à la suite desquels
plusieurs perdirent connaissance. Nous fûmes conduits dans une des
salles de ce camp et, sans aucun soin, nous dormîmes sur le sol sans
couverture et sans soin de propreté. Ici commença mon dur travail,
de 6 heures à 19 heures. Ensuite des appels qui
duraient plusieurs
heures au dehors, la tête découverte où la neige tombait et fondait
et coulait sur la figure. Nous avions sur nous un vêtement léger,
des souliers entièrement usés et dans lesquels l’eau entrait, mes
pieds étant à cause de cela continuellement froids. Les nuits
étaient troublées par plusieurs
raids. Durant le jour, le dur
travail, la faim et la soif m’accablaient, et la nuit le manque de
sommeil. Jour après jour je perdais du poids. Ce fut une dure
expérience pour moi ! Voyant que la fin de la guerre s’approchait,
mon désir de liberté était grand.
Comme le front russe s’approchait
de Berlin, il fut décidé d’évacuer le camp. Une nuit, tous les
prisonniers furent conduits dehors à une place indiquée et obligés
de quitter le camp. Nous allâmes à pied dans la direction de
Hambourg. Plus de 40 000 prisonniers furent emmenés de ce camp. Tous
les jours nous faisions environ trente kilomètres. Nous allions avec
une forte escorte de baïonnettes et de carabines, ne recevant aucune
nourriture en chemin. La faim augmentait jour après jour. Quiconque
faiblissait sur la route était tué d’un coup de fusil. La faim nous
obligeait à manger la végétation qui croissait sur le bord de la
route, y compris des betteraves. Les nuits se passaient dans les
granges ou dans les forêts à ciel ouvert.
Une
nuit, je fis le plan avec un frère de nous enfuir, voyant la mort
par la faim devant nous et étant sans aucun soin humain. Notre seule
confiance était en Dieu ! Je résolus avec le frère de demander le
conseil du Seigneur. Dans la forêt, sous un arbre, je priai le
Seigneur pour demander si je devais entreprendre de rester ou de
m’échapper. Le Seigneur me donna à comprendre que je reste dans les
bois jusqu’au matin. Ainsi, sous l’arbre où nous priions nous nous
endormîmes jusqu’au matin. Nous n’avions rien pour dîner ou souper.
Notre souper fut la prière ! C’est ainsi que nous dormîmes là
jusqu’au matin.
Le
Seigneur me conseilla de ne pas me séparer des autres. Nous allâmes
encore une journée. Nous étions très faibles. Nous étions conduits
sur des routes par lesquelles les armées allemandes battaient en
retraite dans la direction de la mer. En chemin nous vîmes des
combats aériens et des bombardements de routes sur lesquelles les
armées allemandes battaient en retraite. Un grand danger nous
menaçait tous. Après plusieurs heures de marche, les batailles
s’arrêtèrent. Nous apprîmes qu’en face de nous étaient les armées
américaines. Une grande joie s’ensuivit dans nos cœurs à tous !
En
approchant à environ 200 mètres vers un pont qui traversait une
rivière, nous y vîmes des soldats des armées américaines. A la vue
de ces soldats l’hymne national polonais fut entonné par les
prisonniers, d’autres nations s’y joignant. On n’entendait plus que
des expressions de joie enthousiaste ! Un cri de liberté en
l’honneur de l’Armée américaine s’éleva ! Je donnai la main au frère
qui allait avec moi et dit Dieu a sauvé nos vies ! Tous les
prisonniers ressemblaient à des squelettes, en haillons, altérés et
épuisés. Notre marche avait duré du 21 avril au 2 mai 1945. Ce fut
le point culminant de mes souffrances dans mon épreuve ! En chemin,
nous avions perdu 15 000 prisonniers qui étaient tombés par suite
d’épuisement et avaient été détruits.
Ainsi que je l’avais pensé à mon arrestation, je ne serais pas libre
avant la fin de la guerre. Le soin de Dieu m’avait éprouvé et gardé
à chaque pas jusqu’au temps de ma délivrance. Bien que très épuisé,
j’étais heureux de ma liberté. Je pesais 55 kilos contre 92 à mon
arrestation. Je demeurai pendant une période de trois semaines dans
un camp polonais où je gagnai un peu de forces. Le Seigneur dirigea
mes pensées de façon à me décider à retourner à Poznan. Je vis
cependant que mon voyage ne serait pas aisé, car les trains
n’étaient pas encore rétablis et cela à cause des ponts détruits.
Nous décidâmes d’entreprendre le voyage à l’aide de chevaux et de
voitures. Nous trouvâmes deux chevaux sans propriétaires avec
lesquels nous commençâmes notre voyage. Nous allâmes ainsi pendant
huit jours.
Nous
arrivâmes à la première station de chemin de fer à Steten (Szczecin)
d’où, par train, nous atteignîmes Starogard. Il y avait là un train
qui devait partir pour mon lieu de résidence, Poznan. Je fus très
heureux d’être dans mon pays natal. Je me tins sur le toit d’un
wagon et non à l’intérieur, parce qu’il n’y avait plus de place dans
la voiture. Je me demandais continuellement si ma famille était
encore en vie, parce que pendant six mois je n’avais rien su d’elle
; et je savais que, dans Poznan, les batailles de rues avaient fait
rage pendant trente jours. En chemin, j’appris que Poznan était
fortement endommagé. J’avais une forte foi que le Seigneur avait
gardé ma famille pour laquelle je priais continuellement. J’avais
prié aussi le Seigneur de garder toute ma littérature biblique, ce
qu’il fit aussi.
Je fus très heureux d’arriver à Poznan. Puis je fus
heureux que ma maison n’était pas détruite. Et je fus plus heureux
encore quand je rencontrai ma famille qui était au complet et en
très bonne santé, et ma littérature biblique intacte ! Ma joie était
sans limites ! O la joie quand je vis pour la première fois les
visages des chers et bien-aimés frères de l’assemblée de Poznan ! Je
fus reçu par eux avec affection ! Je retrouvais à présent les choses
comme je les avais laissées trois ans et deux mois avant. J’étais
très heureux que les frères aient tenu si fidèlement dans diverses
épreuves et expériences, et presque toute ma famille qui avait perdu
son soutien. Cependant, notre
Seigneur avait pris soin d’elle. Pour cette
raison, ma première pensée fut de rendre avec ma famille mes plus
sincères remerciements à notre Dieu pour toutes les épreuves
expérimentées, pour la grande faveur, et l’inexprimable protection
qu’il nous avait montrée durant cette terrible guerre. «
Grandes et merveilleuses sont Tes
œuvres, O Seigneur Dieu Tout-Puissant ! Justes et vraies sont Tes
voies O Roi des Saints ». Les paroles
de Deut. 31 : 8 étaient vraiment accomplies «
L’Eternel est celui qui marche devant
toi ; il sera avec toi ; il ne te laissera pas et ne t’abandonnera
pas ; ne crains point et ne t’effraye point
».
P’ 1er décembre 1946
Rédaction
: Jacques Obojtek
Pour la Commission
d'Israël
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